(Ré)appropriationisme du vidéo-art | Artbox Digital

(Ré)appropriationisme du vidéo-art

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Une brève analyse critique sur « l’appropiationnisme » et ses ressources numériques.

L’appropriationisme a été lié à l’histoire de l’art par des personnages aussi importants que Leonardo Davinci, Pablo Piccaso ou Duchamp qui servent à illustrer l’utilisation de cette technique/mouvement dans le monde de l’art.

Avec la soi-disante démocratisation des ressources technologiques, le vidéo art s’est consolidé comme l’une des grandes disciplines artistiques de notre temps, de la même manière qu’avec plusieurs autres expressions des arts visuelles et, comme avec tant d’expressions dans les arts visuels, l’appropriationnisme  est devenu l’une des méthodes les plus récurrentes à l’heure de produire des œuvres de vidéoart, depuis la fin des années 70, quand Dara Binbau créa une des premières œuvres de vidéo réalisées avec cette technique : « Technology, Transformation: Wonder Woman » créée à partir de l’appropriation d’images de la série télévisée « Wonder Woman », avec laquelle l’artiste a réalisé une série d’œuvres dans lesquelles il a critiqué le rôle des médias dans la composition des stereotypes presque toujours sexistes.

L’appropriationnisme dans le vidéo-art, de manière concrète, est réalisé à travers des images trouvées, une sorte d’extension vidéographique du collage. Un collage d’images en mouvement qui, comme défini par Lev Manovich dans « Le langage des nouveaux médias de communication. L’image dans l’ère du numérique », peut être modifiée simplement par la commande « couper/coller », car toutes les images sont maintenant matérialisées dans nos ordinateurs. Mais comment arrivent-elles dans nos ordinateurs et dans quelles conditions ?

Au moment de « chercher » des images dont nous allons nous approprier pour notre création, nous pouvons « trouver » une multitude de variantes que nous offrent divers dispositifs audiovisuels.

Il y a des artistes qui numérisent directement leurs anciens films familiaux ou ceux d’inconnus, des films qui sont restés dans n’importe quel petit marché ou dans un placard, en attente. D’autres artistes « rippean » les bandes en VHS ou DVD des bijoux de la cinématographie d’avant-garde ou de la série b. Mais précisément, à l’ère de l’information/surinformation/désinformation, où se tourner si on veut des images concrètes? Exact : YouTube !

YouTube est devenu une banque d’images accessibles à tous les vidéo-artistes sans  approfondir la question du droit d’auteur en fonction de l’origine des images, et leur utilisation artistique ou commerciale, YouTube est le référent d’une génération de vidéo-artistes, comme l’a montré l’exposition Ten years at the zoo, tenu en 2015 à LAS NAVES ESPAI D’INNOVACIÓ I CREACIÓ  de Valencia lors du dixième anniversaire de la première vidéo téléchargée sur YouTube “Me at the zoo”.

Mais, comme souligné précédemment, YouTube appartient à ce côté corporatif qui contrôle et essaie d’imposer des limites à la liberté de création et aux artistes eux-mêmes, ainsi qu’à la liberté du savoir (comme le montre la fermeture des chaines en fonction de pressions ou d’intérêts politiques).

Parmi ceux qui cherchent à libérer et à sauvegarder les connaissances humaines, on a créé « Archive.org », une archive gérée par une association à but non lucratif avec des millions de vidéos, y compris des images, des fichiers audio, des fichiers texte, etc. Il s’agit d’archives Créative Commons (licence libre) et des images dont les droits d’auteur ont déjà périmé, en vertu des lois des pays respectifs, ce qui en fait l’une des plus grandes bibliothèques multimédias du monde.


L’initiative « http://archive.org », qui est étroitement liée à la philosophie Creative Commons a permis le développement d’une multitude de bibliothèques d’images et de sons tels que FreedSound, OpenCulture ou Videpong, qui sont devenus une ressource indispensable pour de nombreux vidéo-artistes, comme on peut le voir dans le travail de l’espagnole María Cañas (Sevilla, 1972), vidéo-artiste qui se qualifie de « terroriste des archives » et à travers sa vidéopathie et son utilisation particulière des images, est devenue l’un des plus grands exposants de « l’appropriationnisme » dans le milieu du vidéoart international, ainsi qu’un exemple pour les grandes bibliothèques nationales, ou la télévision publique qui numérisent déjà tous leurs fichiers sur le réseau, et même s’ils ne permettent toujours pas le téléchargement dans certains cas, nous trouverons toujours rapidement des solutions en visitant Google.

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