UNE APPROCHE À LA DÉFINITION DE L’ART NUMÉRIQUE | Artbox Digital

UNE APPROCHE À LA DÉFINITION DE L’ART NUMÉRIQUE

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Nous pouvons dire que nous sommes face à une œuvre d’art numérique quand elle a les mêmes motivations spirituelles que tout œuvre d’art, sauf que, au lieu d’être réalisée avec des pigments, du bois, de l’argile ou d’autres matériaux, elle a été produite avec un ou plusieurs médias numériques.
Toute œuvre réalisée par un processus numérique facilite au créateur la possibilité de construire un nombre infini de variantes, avec des résultats possibles qu’il peut comparer sans exclusion, sans  perte, et d’une manière beaucoup plus vite que s’il utilise une technique classique.

Cette relative vitesse avec laquelle l’artiste peut produire son œuvre, l’amène à chercher de nouvelles solutions. Par les nouveaux médias, un artiste peut obtenir un résultat final si proche de l’image qu’il s’était projeté dans sa tête, une possibilité que ne se produit pas avec l’utilisation de techniques traditionnelles.

Lors de la réalisation d’une peinture, d’une sculpture, ou d’une installation, le travail se termine par un épuisement de l’effort et du matériel utilisé, mais dans le monde du numérique, les résultats ne sont pas concluants, les matériaux ne s’épuisent pas, et la multiplication instantanée de l’œuvre dans différentes variantes est sans fin.

Si nous faisons par exemple une lithographie, d’abord, nous voyons l’image que nous avons construite en pierre complètement inversée par rapport à celle que nous allons obtenir une fois imprimée. Dans un atelier de gravure, on faut voir la tension chez l’artiste et les imprimeurs lorsque le papier est décollé de la pierre au moment du premier test, ils sont en train de se dire : « et si cela est faux après autant de travail…? ».

Si l’impression n’est pas en accord, il faudrait tout recommencer, et même si le résultat est moyennement satisfaisant, l’artiste se demanderait toujours comment l’œuvre aurait été autrement. On peut lui suggérer de renforcer certaines couleurs, mais aucun changement significatif ne pourrait être fait, l’artiste n’a qu’à prendre ou à laisser, et il finirait pour faire une impression de 16 copies qu’il va ensuite répertorier soigneusement. Ces expériences ne se produisent pas avec la création d’une image numérique, les émotions ne sont pas les mêmes, sachant que toute erreur peut être corrigée à l’aide d’un logiciel.

Un langage plus simple et accessible: les œuvres numériques imprimées

Comme tout art qui commence, il imite les résultats d’un art plus ancien. Voir par exemple le cinéma du film de fiction qui a imité le théâtre à ses origines, et plus tard, a créé leur propre langage. La photographie aussi a commencée par reproduire les mêmes thèmes de la peinture, comme le portrait ou le paysage, mais plus tard, il a exploité ses propres possibilités. Cela se produit avec l’art numérique.

Ce qui est le plus courant dans l’œuvre numérique imprimé, ce sont les dessins informatiques, les photographies et les collages (faites avec une banque d’images illimitées et sans ciseaux qui tombent au sol).

L’artiste Pop David Hockney dessine avec un iPad, par exemple, et son œuvre est reconnue comme de l’art numérique, bien qu’elle ressemble à ses peintures qu’il réalise avec les pigments, parce que le support est numérique. Cela nous amène à nous demander si la photographie imprimée est de l’art numérique. Je pense que pour qu’une photographie soit considérée comme de l’art numérique, elle doit intégrer un processus digital dans sa création, ce qui n’est pas le cas des photographies classiques prises simplement avec un appareil analogique ou numérique.

L’audiovisuel du point de vue des Beaux-Arts

Toutes les images enregistrées sont aujourd’hui réalisées avec des médias numériques. Un film est donc une œuvre d’art numérique? Pourquoi est-ce qu’un vidéo-art est une œuvre numérique et pas un film ? Même si les deux sont des produits artistiques fabriqués par des médias numériques ?
L’ART NUMERIQUE, est à l’origine une manifestation émergente des ARTS PLASTIQUES. Ce qui explique que la musique faite par des ordinateurs, le film, ou la littérature, n’ont pas été compris dans cette catégorie, quoiqu’ils soient produits aussi actuellement avec des médias numériques.

Cette conception n’exclut pas l’utilisation de son ou de textes, puisque les arts plastiques non digitales peuvent aussi intégrer des éléments du cinéma (le vidéo-art et autres animations non conventionnelles), de la littérature (œuvres conceptualistes faites avec des textes tels que Kosuth), du théâtre (les performances), du son (les interventions et certaines expériences des mouvements comme Fluxus, dans les années 60), de la danse (sous la rubrique de la performance dans de nombreuses œuvres d’art contemporain) et de la photographie (beaucoup sont des œuvres plastiques faites avec des médias uniquement photographiques).

On parle alors d’ART NUMERIQUE pour faire référence aux arts visuels qui utilisent des médias numériques (mais pas les films que nous voyons dans les salles de cinéma, du théâtre ou de la photographie de National Geographic).

A partir de ces comparaisons, le risque existe de considérer comme œuvre d’art numérique audiovisuelle les  images en mouvement issues des ARTS PLASTIQUES, mais pas celui réalisé en tant que film. Or, ces limites ne sont pas strictes, parce qu’un film comme « El Perro Andaluz » de Buñuel, transgresse les ressources classiques du cinéma et côtoie ce que nous appelons aujourd’hui vidéo-art.

Ainsi, les frontières que nous fixons ici ne sont pas exactes, elles proposent uniquement une vision pouvant éclairer la différence entre un matériel audiovisuel purement cinématographique et cet autre qui est utilisé comme moyen d’expression par des artistes plasticiens.

Langages artistiques nés du monde digital

Le Net-Art. (Œuvres créées pour fonctionner et être consommée sur Internet), l’art interactif (permettant au spectateur de modifier les résultats de l’œuvre selon ses envies), l’art génératif (dans lequel le spectateur crée l’œuvre sous les paramètres définis par l’artiste), sont tous des exemples de langages artistiques nés et développés avec les nouveaux médias. Dans ces cas, les créations prennent forme ou sont liées directement aux langages proprement numériques.

Certains critiques d’art soutiennent que l’art numérique est celui qui est construit en utilisant les possibilités particulières de médias numériques. Ce critère met en avant des propositions préconisant des travaux qui ne pourraient exister qu’à partir de ces médias et pas d’autres.

Cette position est extrême, car il n’existe pas un artiste numérique chimiquement pur, ils sont designers, peintres, cinéastes, photographes, et même sculpteurs qui développent des œuvres à travers des programmes 3D.

Avant la popularisation des médias numériques, nous avons eu déjà, par exemple, des œuvres interactives, telles que les  mobiles de Sandu Darié (1), un assemblage de bois que le spectateur pouvait changer de position pour modifier l’apparence de l’œuvre, grâce à des lattes en bois montées sur des axes.

Il n’y a pas de limites précises entre les différentes formes d’art. Nous avons décrit schématiquement (nous n’avons pas le choix) trois variantes nous permettant d’aborder le concept épineux de l’art numérique, mais ceci est juste une tentative pour apporter une certaine clarté à la question. La créativité infinie des êtres humains dépasse toutes les règles et tous les régimes, et mêmes si nous voulons être stricts dans nos études, l’art, numérique ou non, va toujours et encore nous surprendre.

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